En Corée du Sud, l’habitat en appartement s’est imposé comme le mode de vie dominant, en particulier dans les grandes agglomérations. Si ce modèle offre indéniablement confort et sécurité, il est également pointé du doigt pour favoriser un certain repli sur soi et une séparation marquée entre les résidents et le monde extérieur.
1. Un choix dicté par l’urbanisation et la modernité
Face à une urbanisation rapide et à la raréfaction des espaces disponibles, les Coréens se tournent massivement vers la vie en appartement. Ce mode d’habitation permet de répondre aux besoins d’une population dense, tout en garantissant une infrastructure moderne, des services de sécurité et des équipements collectifs. Pour beaucoup, vivre en appartement représente également la concrétisation d’un idéal de modernité et de confort, en phase avec le dynamisme économique du pays.
2. Une barrière entre l’intérieur et l’extérieur
Les ensembles d’appartements en Corée se caractérisent souvent par leur architecture fermée et leur gestion collective. Cette organisation, qui vise à renforcer la sécurité et le bien-être des résidents, crée néanmoins un fort sentiment d’isolement. L’accès limité aux espaces communs et la séparation physique entre le domaine privé et le monde extérieur renforcent l’idée d’une communauté autarcique, presque insulaire. Ce phénomène soulève des questions sur la cohésion sociale et l’interaction avec le reste de la société.
3. Un regard critique à travers “아파트공화국”
Dans son ouvrage 아파트공화국(Séoul, ville géante, cités radieuses), le chercheur français Valérie Gelézeau explore en profondeur cette réalité. Selon lui, les appartements coréens ne sont pas seulement des lieux de vie, mais de véritables « républiques », où la vie collective est régie par ses propres règles et codes. Zulejo met en lumière comment cet habitat, en offrant à la fois une sécurité renforcée et une gestion centralisée, contribue à la création d’un microcosme social qui se coupe souvent des échanges avec l’extérieur. Son analyse critique révèle ainsi les enjeux culturels et sociaux liés à cette forme d’urbanisme, où le confort matériel peut parfois masquer une forme d’isolement.
4. Les enjeux et perspectives de cette culture
Si la préférence pour la vie en appartement permet de répondre à des besoins pratiques et sécuritaires, elle suscite également des interrogations sur la qualité des interactions sociales et le sentiment d’appartenance à une communauté plus large. La question reste posée : comment réconcilier le besoin de sécurité et de confort avec celui d’un vivre-ensemble ouvert et inclusif ? Cette problématique est au cœur des débats actuels en urbanisme et en sociologie, notamment dans un contexte de mondialisation et de mobilité croissante.
Conclusion
La culture des appartements en Corée reflète les contradictions d’une société en pleine mutation. Entre un désir d’efficience urbaine et une tendance à l’isolement, ce modèle d’habitat offre un confort indéniable, tout en posant la question de la véritable nature des liens sociaux. L’ouvrage 아파트공화국 de Valéry Zulejo illustre avec force cette dualité et invite à repenser les espaces de vie pour favoriser une plus grande ouverture et interaction avec l’extérieur. Un défi majeur pour l’avenir de l’urbanisme et de la cohésion sociale en Corée.